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La fabrication du logement est aujourd’hui stimulée par l’aspect pluriel du regroupement domestique – ce que nous appelions autrefois la famille : aujourd’hui le logement évolue, devient multiple, mouvant, protéiforme et il doit pouvoir rendre possible une multitude de réalités évolutives qui nous font sortir de la vision standardisée. Pour cela, je cherche des dispositifs, des systèmes ouverts, non finis, fertiles, qui puissent créer des possibles, des réceptacles de l’imprévisible. J’aime que les logements soient interprétables par les habitants, qu’ils déclenchent quelque chose qui s’appellerait l’appropriation, l’invention, la rencontre, le multiple pour soi et avec les autres. Quelque chose qui déclencherait le désir et la liberté d’habiter.
La fabrication du logement est aussi stimulée par l’ambition de construire plus dense. Puisqu’il faut resserrer les logements sur le territoire, comment faire pour que la densité devienne une valeur positive pour l’habitant ? Selon moi, en faisant en sorte qu’elle produise des proximités, des partages, des rapprochements, de l’imprévu, de l’improbable, de l’« autre ». Je vois ces nouvelles conditions moins comme des contraintes que comme des leviers de projet. La petite échelle (celle de l’usage) et la grande échelle (celle du territoire) intimement liées forment les projets.
Il n’y a pas deux situations à habiter, la ville d’un côté, le logement de l’autre, mais une seule, continue. En architecture, faire en sorte que cette continuité puisse être assumée est un acte politique. C’est pourquoi la décision des partages, plutôt que des limites, fonde à mon sens les projets. Le mot partage désigne à la fois ce qui rassemble et ce qui sépare : l’un ne va pas sans l’autre. Je ne peux imaginer de vivre ensemble que si les conditions des intimités sont installées, et j’aime brouiller la lisibilité, me dire que les limites du logement ne sont pas identifiables dans un ensemble, ou encore qu’on ne puisse dire s’il s’agit de logements collectifs ou individuels. J’aime quand les projets proposent une combinatoire de situations offertes aux habitants, les plus libres et inattendues possibles.